Sir Harry H. Johnston : « 4/5 des haïtiens sont des paysans paisibles et durs au travail »

Crédit photo : Découvrir la Grand'Anse

Henry Harry Hamilton Johnston, né en 1858 et mort en 1927, est un explorateur, militaire, diplomate, zoologiste, photographe, botaniste, peintre et écrivain britannique. Johnston est l’un des plus célèbres africologues. Au Cameroun,  y étant voyagé, travaillé comme diplomate et réalisant des explorations et études. En 1910, après avoir visité la République d’Haïti, il lui affecte quelques pages dans son ouvrage « The Negro in the New World ».

En effet, selon les observations du Sir, « quatre cinquièmes des haïtiens sont des paysans paisibles et durs au travail. Ces quatre-cinquièmes continue-t-il, sont entièrement de race noire et représentent probablement un mélange des types de l’Afrique occidentale, de la Sénégambie, du Dahomey et du Congo. C’est une race qui montre loin des villes un beau développement physique. Chez elle, la couleur de la peau est plus foncée et le type nègre plus prononcé que cela ne se rencontre aux États-Unis ».

Et, aux mots du Dr. Jean Price Mars, ces quatre-cinquièmes « constituent aujourd’hui l’étai économique sur quoi repose la communauté haïtienne.  Ce sont ces mêmes quatre-cinquièmes qui constituent la masse ethnique dont les traditions, les mœurs, les coutumes, les croyances portent l’empreinte de la lointaine Afrique, la mater dolorosa, ce furent leurs ancêtres qui pendant trois siècles défrichèrent le sol de ce pays jadis couvert de forêt insalubre jusqu’aux rivages de la mer. Ce furent eux qui par des millions d’hécatombes mêlèrent la chair pourrie de leurs cadavres à l’humus du sol pour l’humaniser et lui donner la physionomie enchanteresse dont s’émerveillent les poètes. Ce sont les mêmes dont les élites policées, tracassières et jouisseuses des villes exploitent la candeur moutonnière pour mieux la trahir et la renier selon le geste perfide et éternel des couards et des Iscariote de tous les temps, de toutes les races et de tous les pays ».

Entre temps, les mœurs, traditions et coutumes de ces quatre cinquièmes ont été traités de barbares et maléfiques, ont été objet de discriminations et de persécutions de la part du christianisme, des néo-religions et de l’État. On va jusqu’à leur faire porter le chapeau du retard de développement du pays. Pourtant, les rares instants où ce petit bout de terre a connu quelques heures de prospérité, c’était toujours au moyen de leurs vaillants et mécaniques bras.

En tout cas !

Mais alors, l’autre cinquième, qui est-il ? Price Mars nous dit que c’est « un amalgame encore instable dont le devenir est le secret du melting pot en pleine activité dans nos villes du littoral et leurs faubourgs ».

Et, que fait-il ? « L’autre cinquième se réclame de son leadership et se pare des grâces du métissage qui l’apparente plus ou moins à la race blanche – maîtresse du monde et protagoniste de la civilisation occidentale si ce n’est de la civilisation tout court », constate Price Mars.

Haïti de quatre cinquièmes, si le temps n’a changé la donne, est donc habitée de gens génétiquement industrieuses. Alors, pourquoi est-elle hors de la piste du développement ? Qui doit-on appeler à la barre d’accusés ? Les quatre cinquièmes ? L’autre cinquième ? Ou tout le monde ?

Cf. : Dr. Jean Price Mars. Formation ethnique, folklore et culture du peuple haïtien. 1956

 

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