Les « rares» noms haïtiens d’origine africaine

À traverser l’Atlantique, les africains, nos ancêtres, n’ont pas perdu que leur liberté et leur belle vie dans l’intimité de la nature. Leurs marques d’identité dérivaient avant d’aborder les rives saint-dominguoises. Coiffures, langues, spiritualités, codes vestimentaires et, surtout, les dénominations. En effet, dans certaines sociétés africaines, le choix des noms respectent des méthodologies bien définies. Chez les Bakongo, peuple bantou de l’Afrique centrale, le nom de l’enfant peut être choisi selon l’ordre de naissance dans la fratrie. Par exemple, Mbaki désigne le premier garçon de la famille, tandis que Mukoko désigne le deuxième.

À Saint-Domingue, ces principes dénominatifs sont perdus. Tout comme les noms de marques linguistiques africaines. Néanmoins, par miracle dirais-je, certains ont fait résistance, comme cet extrait de « Au temps des isles à sucre : Histoire d’une plantation de Saint-Domingue au XVIIIe siècle » (Jacques de Cauna, 1987) le mentionne :

« […] quelques rares survivances africaines, parfois créolisées, constituent le lot [de mot] le plus original : Amousse pourrait venir de Moussa, Moussi descendant de Moïse ; Coacou rappelle une dynastie royale du Ghana (Kwakou) ; Candio, de Can : la voix en mandingue, et Diau : qui porte, belle ; Agana, d’Anangana, Dieu suprême des Baulé de la Cote d’Ivoire ; Guinga, de n’Ganga, prête au Congo ; Coffi est un prénom ghanéen (Kofi), Abraka, d’un titre Walo que portait le chef ou le roi : le « le brak » ; Mabiale, d’une ethnie du Congo, « d’un mauvais caractère en créole » ; Balba, de « Baba » : père en Yoruba ; Aoussy ou Aoussé, prénom malinké, langue et ethnie africaine (Haoussa) ; Tatriba, Toutrouby, évoque l’idée de rassemblement en arabe (« riba) ; Sanon, du mandingue « Sanou » : or ; Coco évoque un port du Dahomey et un roi du Ghana ; Alia ou Alya, la divinité de la terre (« Alé ») chez les Ibos et le nom de l’ancien royaume Baol au Sénégal ; Marabou, de l’arabe « morabit », moine soldat, est un terme désignant un pieux ermite, un saint de l’Islam ; en créole il désigne un type de métis d’Indien et de Créole, aux cheveux fins. »

Massillon Coicou (Coacou), Jovenel Moïse ou Moïse Jean-Charles, Candio (Auguste Despradines, grand chanteur haïtien du XXe siècle, grand-père de Richard Morse), des noms qui honorent les origines africaines ?

Par dessus tout, les noms haïtiens en majeure partie ont une origine qui n’est d’aucune liaison identitaire africaine. Jacques de Cauna, docteur en histoire, nous le raconte dans cette vidéo : https://youtu.be/9ylpEp18EkY

Cf. : Jacques de Cauna, Aux Temps des Isles à sucre, 1987

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