Herman Nau, avec Albert Chancy, est le personnage clé de l’histoire du groupe Tabou Combo. En 1967, les deux compères, amis d’enfance, eurent l’idée d’un groupe musical, « Les Incognitos » est né. Plus tard, passant devant un magasin dont l’enseigne affichait « Tabou Fleur » à Pétion-Ville, paraît-il, Albert eut un déclic, il renomma le groupe Tabou Combo.
C’était le début d’un parcours historique qui débuta avec des concerts habituels au Ciné Paramount et des kermesses au Collège Cœur Immaculée (CIM) à Bois-Verna.
Maritou Chenet, mère de Jules Edouard Moscoso, compagnon d’université d’Herman Nau, se souvient, chaleureuse des lèvres, triste de la voix, des premiers pas du groupe. Elle habitait à l’avenue du Travail, tous près du CIM où Tabou Combo performait régulièrement.
En 1970, Albert Chancy dut partir poursuivre ses études à Montréal. Par la suite, c’était le tour d’Herman Nau, Jean-Claude Jean, Serge Guerrier et Yvon André d’aller s’installer à New York. Dadou Pasquet, Weston Etienne, ensuite Roger « Shoubou » M. Eugene, Yves « Fanfan » Joseph rejoignirent la bande. Le groupe est reconstitué et donna son premier concert à Ney York en décembre.
Mais avant de quitter Haïti, non seulement il y avait un concert d’adieu à l’hôtel Ibo Lele, il y avait aussi une dernière rencontre de convivialité entre les camarades et leurs amis chez Maritou. Ils étaient tous ses petits clients à la Boite à Musique de Raoul Denis dont elle était la gérante.
« Sous l’orage des pleurs qui s’en prenait aux signatures, ils me signaient un de leurs disques que malheureusement les flammes ont détruit à l’incendie de ma maison », raconte-t-elle.
« En guise de consolation, je leur ai servi un tafia que j’aimais bien et qu’eux aussi, ont bien apprécié », poursuit-elle.
Grand nombre de l’effectif quitta finalement Haïti. Plus tard, Jules Edouard, fils de Maritou allait retrouver Herman Nau à une Académie de musique à New York pour apprendre la musique classique des instruments à percussions, notamment la batterie.
« Mon fils m’a raconté qu’après les cours, les professeurs retenaient lui et Herman pour qu’ils leur apprennent les rythmes haïtiens : le compas et les musiques traditionnelles du vaudou », confie Maritou.
Donc, pendant qu’ils apprenaient pour revenir perfectionner nos rythmes, ils prenaient le temps de les faire connaître au monde musical académique américain.
Après cette expérience, Herman a pu marquer l’histoire du compas à travers le monde avec Tabou Combo. Quant à Jules Edouard, il a moins percé dans l’industrie musicale, car le monde des affaires avait toujours la plus grande part de son quotidien.
Terrible qu’aujourd’hui, les deux compères ne sont plus. Le 9 décembre 2012, le corps sans vie de Jules Édouard a été retrouvé dans sa demeure à Léogâne. Apparemment il jouait à la batterie au moment qu’il a été atteint d’un projectile à la poitrine, comme l’a raconté l’inspecteur Hyppolite, responsable du commissariat de Léogâne à l’époque. Il avait 57 ans.
Quant à Herman Nau, après un accident cardio-vasculaire ce 11 juillet 2021, il vient de rendre l’âme ce dimanche 25 juillet après plus d’un demi-siècle d’histoire dans la musique haïtienne. Que l’honneur soit rendu à ce monument de notre patrimoine national !