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Influence « toxique » des USA sur Haïti : que espérer de l’élite noire américaine ?

On n’a nul besoin de passer par des terribles équations pour montrer que Haïti va au rythme des caprices politiques, économiques, diplomatiques…américaines. Cette floraison de gangs, ce rythme n’en est-il pas des causes ? Armes et munitions, il y en a des saisies régulières dans nos ports, n’est-ce pas qu’elles viennent de chez eux ?

Les faits se constatent à l’œil nu. Qu’est-ce que l’on peut faire ? Le sentiment d’impuissance frissonne. Sinon, on pourrait tenter de faire appel à leur générosité politique, passant par l’élite noire. Des congénères qui ont traversé l’Atlantique avec nous. Probablement ils nous auraient compris. Aujourd’hui ils sont porte-parole adjointe de la Maison Blanche (Catherine Jean-Pierre), Vice-présidente (Kamala Harris), ancien couple présidentiel (Michele-Barack Obama), etc.

Cette élite sait très bien ce « mât suifée » qu’on est en train de grimper à contre-volonté. Peut-être qu’elle ne pourrait aucunement nous empêcher de le grimper. Mais du haut qu’elle est, ne pourrait-elle pas nous laisser glisser une corde ? On a tellement besoin d’en finir pour voir l’horizon.

En tout cas, on ignore actuellement si cette démarche est entreprise avec méthode et efficacité dans le fond et dans la forme. Mais elle a été déjà entreprise dans le temps. Au début de l’occupation américaine de 1915, dans l’élite intellectuelle résistante, on avait le journaliste Ernest Chauvet, homme de lettres, directeur du Nouvelliste. Il décida de voyager aux Etats-Unis afin de mener des démarches auprès de l’élite noire pour un éventuel soutien dans la lutte contre l’occupation. À son retour, M. Chauvet fit le bilan de ses démarches :

« […] Quant aux noirs des Etats-Unis, inutile de tourner le regard vers eux. Je n’ai pas osé me mettre en relations avec Booker Washington, parce que tous les journaux de Philadelphie et de Chicago publiaient une interview où Booker louait, au nom de sa race, l’intervention actuelle, seul moyen d’amener les noirs d’Haïti sur le chemin du travail et de la civilisation.

Je suis allé voir personnellement M. Dubois à son office de la 705e avenue. Le second Booker, directeur du Crisis, m’a avoué que les noirs américains ne peuvent rien pour les Haïtiens, que lui, considérait la situation actuelle comme un bien pour le peuple haïtien. Dubois m’a fait lire sa correspondance avec le président Wilson, à propos d’Haïti. Il faisait des demandes très importantes pour que les Américains, qui devront être envoyés en Haïti, soient des noirs, afin de ne pas froisser notre susceptibilité.

C’est là tout le concours que nos congénères nous offrent ».

Est-il possible que les choses aient changé avec le temps ? On peut bien douter. Il y avait Obama, quelque chose a-t-il changé ? Aujourd’hui que l’on a Kamala Harris, quelque chose donne-t-il l’air de bouger ?

On peut encore avoir la mélanine et ne plus être noir, avec toute l’histoire que cela traine.

Ces conseils donnés au peuple haïtien en 1915 par Solon Menos dans une lettre adressée au député Raymond Cabèche sont encore en vigueur : « n’attendons donc du secours que de nous-mêmes, et ne comptons pas sur autrui pour conjurer le sort ».

Solon Menos : « La défense désintéressée d’un petit peuple faible, n’est pas leur fait ».

 

Cf. Roger Gaillard, Les Blancs débarquent, Tome 1

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