Maurice est connu et honoré comme le footballeur du siècle du grand Sud. Cette légende jérémienne du ballon rond fête ses cent ans ce 10 septembre 2021. C’était le 10 septembre 1921 qu’une étoile du nord annonça la venue de ce génie, footballeur, homme de lettres, musicien, fin danseur, dans la cité des Émile Roumer, Edmond Laforest, Jean Brièrre, Etzer Vilaire…
Depuis, les années passaient, le génie prend chair, la dextérité prenait forme dans ses pieds, une légende du football s’est éclose, devenant l’ailier gauche le plus technique et le plus rapide d’Haïti. À 14 ans, le voilà déjà jouer avec l’équipe type de La Voldrogue de Jérémie, et me marquer le but qui donna le titre du championnat de la zone à l’équipe en 1935.
Dans les années 50, débuts 60, avec Maurice Léonce comme superstar et leader technique sur le terrain, Jérémie était des équipes à battre. Avec aussi ses lieutenants comme Windsor Joseph, Andris Adonis, Erick Pierre Roger Rouzier, Gerard Mercure, les Frères Sansaricq, Yves Duval, Ti Anse d’Hainault, Lucien Laforêt, Maxan Juste, Didier Cédras, Jean Marie Roumer, entre autres.
En 1943, Maurice est entré à Port-au-Prince à la suite de son admission à l’École des moniteurs sportifs d’Haïti à Port-au-Prince et est sorti diplômé après une année de formation. En 1953, il est affecté comme moniteur sportif à Jérémie.
En 1952, alors qu’il était encore joueur, débuta sa série de formations d’entraineur. D’abord avec le Français Paul Baron envoyé par la FIFA. Puis en 1954 avec le Grec Georgiadis, plus tard avec l’Argentin Robertello, et finalement en 1970 avec l’Allemand Ditmar Krammer, ancien du Bayern de Munich.
Sa carrière d’entraineur s’ébaucha au haut niveau avec l’Étoile haïtienne, qui dont auparavant il a été joueur. Et en 1963, avant de revenir définitivement à Jérémie, il était entraîneur l’Équipe Don Bosco. S’installant dans sa ville natale à Jérémie, il devint moniteur de sport et professeur de civisme dans des écoles privées de la ville.
En 1964, lorsque la terreur du duvaliérisme commença à survoler la Cité des Poètes, Léonce de justesse eut le temps de se refugier à New York. S’échappant belle au massacre des mulâtres de la ville (Les Vêpres Jérémiennes) en aout 1964 par les sbires de Duvalier.
Il vécut 31 ans à New York, sans se déconnecter de sa passion, le football. Avant de revenir en 1996, il fonda avec son ami Frantz Saint-Lot une école de football à Queens.
Alors qu’il avait 81 ans, il fonda en 2002 « Grand-Anse école de football », avant qu’en 2004, la fédération haïtienne de football, à l’occasion de son 100e année d’existence décida de l’honorer, lui attribuant un diplôme d’entraineur.
Le 15 septembre 2012, il avait déjà 91 ans. Mais il a quand même pu donner une prestation de 30 minutes de football au Parc Saint Louis en compagnie des jeunes de jeunes footballeurs.
Maurice Léonce, 90 ans, jouant au football avec des jeunes au Parc Saint-Louis de Jérémie
Par ailleurs, Léonce n’est pas qu’un homme de ballon rond. Il était aussi chanteur charismatique du groupe Jérémia de Jo Bontemps au début des années 1960. Il est aussi homme de lettres. En novembre 2007, il était en signature au festival « Livres en Liberté » à Jérémie.
Aujourd’hui, la ville de Jérémie célèbre le centenaire de Maurice Léonce. Tout le monde en parle. Quel est le secret de cette longévité ? peut-on se demander. Il faut dire que quelquefois la nature est très clémente et généreuse avec certains êtres vivants. Néanmoins, Maurice a toujours défendu et garanti ses années de vie.
Toute sa vie, il a été un adepte de la médecine préventive à Jérémie. Un promoteur infatigable des habitudes de vie saine, d’un régime alimentaire équilibré, de la modération dans la consommation d’alcool. C’était et est un sportif discipliné.
Maurice Léonce, 100 ans, pour donner le coup d’envoi d’un match de football à Châteaux, Jérémie
Aujourd’hui malgré son âge, Maurice est presque toujours présent dans les activités citoyennes et civiques de la ville. Il est toujours disponible pour encourager, accompagner et conseiller les jeunes.
